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Manif 12 novembre 2005

Après l’explosion sociale dans les banlieues populaires, l’organisation d’une riposte à la hauteur de l’offensive du gouvernement se heurte à des obstacles politiques. La manifestation unitaire du mercredi 16 novembre, à Paris, témoigne de la volonté de les surmonter.

L’ampleur de la révolte de la jeunesse des cités populaires et le recours à la répression par le gouvernement - notamment via la prorogation de l’état d’urgence pendant trois mois - exigent une réponse massive, qui n’a pas eu lieu jusqu’ici. Les difficultés rencontrées tiennent au fait que certaines organisations ont tendance à condamner les violences d’où qu’elles viennent, ce qui minimise l’élément essentiel qui est à l’origine de cette révolte légitime, à savoir la violence sociale que subissent les habitants des cités, et les jeunes en premier lieu.

Dans le même registre, d’autres feignent de croire que la présence des forces de police est nécessaire au retour au calme, ou font l’éloge de la police de proximité. Or, comment croire que la présence des flics, de la BAC et des CRS, puisse être un élément d’apaisement, alors que ce sont justement les agissements de cette police, les multiples contrôles d’identité au faciès, avec fouilles au corps et injures racistes, les bavures - autrement dit, les assassinats de jeunes par les forces de l’ordre -, qui sont une des origines de cette explosion sociale. À cela s’ajoutent le silence, l’ambiguïté, voire le soutien de certaines organisations et personnalités de gauche à l’égard de la décision de Villepin de recourir à la loi de 1955.

Malgré ces difficultés, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans le pays : appels, rassemblements et manifestations se sont succédé, parfois dans une certaine pagaille. Ces actions témoignent d’une volonté d’exprimer une solidarité avec celles et ceux qui vivent dans les banlieues.

Il en a été ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, à Toulouse où, samedi 12 novembre, environ 600 personnes se sont rassemblées au cœur de la Reynerie, à l’appel d’un collectif antidiscriminations et contre les lois d’exception, soutenu par des associations de quartier, des syndicats (CGT, FSU, SUD) et des organisations politiques (LCR, PCF, Motivé-e-s, Alternative en Midi-Pyrénées). Les manifestants sont partis pour une longue marche vers le centre-ville (lire article ci-dessous). Une certaine ambiguïté régnait au début de la manifestation, due à l’absence de banderoles et au flou entretenu par certaines organisations, comme Motivé-e-s, dont le tract titrait : « Le rétablissement de l’ordre républicain passe par les droits, l’égalité et la solidarité. »

Seule la LCR a clairement mis en avant la démission de Chirac, Villepin et Sarkozy, et l’opposition à l’état d’urgence. À noter enfin, signe du climat de tension que veut faire régner le gouvernement, la présence de plusieurs dizaines de cars de CRS devant et derrière la manifestation. Un hélicoptère a même été utilisé !

À Caen, ce sont deux rassemblements qui se sont succédé, les samedi 5 et mercredi 9 novembre, dans un cadre unitaire large, mais avec une absence remarquée du PCF. Dans la région parisienne, un premier rassemblement s’est tenu le mercredi 9 à Bobigny - la préfecture de la Seine-Saint-Denis -, regroupant près d’un millier de personnes. Un deuxième, à Paris, samedi 12 novembre, s’est transformé, sous l’impulsion de militantes et de militants de la LCR, en manifestation improvisée, de Saint-Michel à Saint-Germain-des-Prés, regroupant près de 1 500 personnes. Mercredi après-midi 16 novembre, une marche devait traverser une partie du 9-3, de Saint-Denis à Bobigny. Ce devait être le prélude de la manifestation du soir, de Saint-Michel à Port-Royal, réunissant l’essentiel des forces progressistes et démocratiques. Cette manifestation devait être un pas en avant dans l’organisation d’une riposte de grande ampleur contre l’état d’urgence et la politique antisociale du gouvernement.

Raphaël Duffleaux

Fri Jun 16 2006

Manif 12 novembre 2005

Après l’explosion sociale dans les banlieues populaires, l’organisation d’une riposte à la hauteur de l’offensive du gouvernement se heurte à des obstacles politiques. La manifestation unitaire du mercredi 16 novembre, à Paris, témoigne de la volonté de les surmonter.

L’ampleur de la révolte de la jeunesse des cités populaires et le recours à la répression par le gouvernement - notamment via la prorogation de l’état d’urgence pendant trois mois - exigent une réponse massive, qui n’a pas eu lieu jusqu’ici. Les difficultés rencontrées tiennent au fait que certaines organisations ont tendance à condamner les violences d’où qu’elles viennent, ce qui minimise l’élément essentiel qui est à l’origine de cette révolte légitime, à savoir la violence sociale que subissent les habitants des cités, et les jeunes en premier lieu.

Dans le même registre, d’autres feignent de croire que la présence des forces de police est nécessaire au retour au calme, ou font l’éloge de la police de proximité. Or, comment croire que la présence des flics, de la BAC et des CRS, puisse être un élément d’apaisement, alors que ce sont justement les agissements de cette police, les multiples contrôles d’identité au faciès, avec fouilles au corps et injures racistes, les bavures - autrement dit, les assassinats de jeunes par les forces de l’ordre -, qui sont une des origines de cette explosion sociale. À cela s’ajoutent le silence, l’ambiguïté, voire le soutien de certaines organisations et personnalités de gauche à l’égard de la décision de Villepin de recourir à la loi de 1955.

Malgré ces difficultés, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans le pays : appels, rassemblements et manifestations se sont succédé, parfois dans une certaine pagaille. Ces actions témoignent d’une volonté d’exprimer une solidarité avec celles et ceux qui vivent dans les banlieues.

Il en a été ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, à Toulouse où, samedi 12 novembre, environ 600 personnes se sont rassemblées au cœur de la Reynerie, à l’appel d’un collectif antidiscriminations et contre les lois d’exception, soutenu par des associations de quartier, des syndicats (CGT, FSU, SUD) et des organisations politiques (LCR, PCF, Motivé-e-s, Alternative en Midi-Pyrénées). Les manifestants sont partis pour une longue marche vers le centre-ville (lire article ci-dessous). Une certaine ambiguïté régnait au début de la manifestation, due à l’absence de banderoles et au flou entretenu par certaines organisations, comme Motivé-e-s, dont le tract titrait : « Le rétablissement de l’ordre républicain passe par les droits, l’égalité et la solidarité. »

Seule la LCR a clairement mis en avant la démission de Chirac, Villepin et Sarkozy, et l’opposition à l’état d’urgence. À noter enfin, signe du climat de tension que veut faire régner le gouvernement, la présence de plusieurs dizaines de cars de CRS devant et derrière la manifestation. Un hélicoptère a même été utilisé !

À Caen, ce sont deux rassemblements qui se sont succédé, les samedi 5 et mercredi 9 novembre, dans un cadre unitaire large, mais avec une absence remarquée du PCF. Dans la région parisienne, un premier rassemblement s’est tenu le mercredi 9 à Bobigny - la préfecture de la Seine-Saint-Denis -, regroupant près d’un millier de personnes. Un deuxième, à Paris, samedi 12 novembre, s’est transformé, sous l’impulsion de militantes et de militants de la LCR, en manifestation improvisée, de Saint-Michel à Saint-Germain-des-Prés, regroupant près de 1 500 personnes. Mercredi après-midi 16 novembre, une marche devait traverser une partie du 9-3, de Saint-Denis à Bobigny. Ce devait être le prélude de la manifestation du soir, de Saint-Michel à Port-Royal, réunissant l’essentiel des forces progressistes et démocratiques. Cette manifestation devait être un pas en avant dans l’organisation d’une riposte de grande ampleur contre l’état d’urgence et la politique antisociale du gouvernement.

Raphaël Duffleaux